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« Comment l’industrie chimique empoisonne notre assiette »

03 Mar

PARIS – Arrosés de pesticides, fongicides, insecticides, bourrés de colorants et d’édulcorants, nos aliments sont à l’origine de nombre de maladies chroniques, souligne l’enquête minutieuse et didactique de Marie-Monique Robin, diffusée le 15 mars sur Arte.

« Notre poison quotidien, comment l’industrie chimique empoisonne notre assiette », raconte celle qui avait raflé de nombreux prix avec « Le monde selon Monsanto », diffusé en 2008 sur plus de 20 chaînes.

Ca commence sur un film documentaire de 1964, où un père se plaint du pain aux monostéarates, des colorants dans le vin, des insecticides dans les pommes, de la viande élevée aux antibiotiques, des produits chimiques dans la salade…

« J’ai repris l’enquête », dit-elle, pour étudier, près de 50 ans après ce constat, où on est est : réglementation, liens entre maladies et produits chimiques qui « sont partout », insuffisances des instances de contrôle et de surveillance…

Les premiers à souffrir des effets de ce que l’on appelle élégamment les produits phytosanitaires sont bien sûr les agriculteurs, chez qui les intoxications aiguës ne sont pas rares. « Chaque année, selon l’OMS, 1 à 3 millions sont victimes d’intoxication aiguë par pesticides, plus de 200.000 en meurent », dit la journaliste.

La France est le premier utilisateur européen de pesticides.

Chez les agriculteurs, certains cancers, ainsi que la maladie de Parkinson, sont plus fréquents, selon un médecin. Mais la majorité des études expérimentales qui pourraient établir un lien entre pesticides et cancer, réalisées par les firmes, ne sont pas publiées. « Il n’y a pas de preuve de corrélation », affirme l’industrie.

Qu’ils le veuillent ou non, les consommateurs absorbent les résidus, par épluchures de pomme ou raisins interposés. Ce ne sont que des petites quantités, mais à la longue et en s’ajoutant les unes aux autres, ne peuvent-elles avoir un effet ?

La DJA, ou dose journalière admissible, définit le niveau de produits chimiques que l’on peut absorber sans risque, tandis que la LMR est la limite maximale de résidus qui peut se trouver dans un aliment. Mais ces mesures sont-elles fiables ? Non, disent des experts en environnement, oui, disent des autorités sanitaires.

L’enquête se déroule de produit en produit. Après les phytosanitaires, les additifs alimentaires -émulsifiants, colorants, conservateurs, édulcorants…

Une occasion de reparler de l’aspartame, l’édulcorant le plus utilisé au monde pour remplacer le sucre, pointé du doigt par certaines études mais considéré comme sans risque pour la santé par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa).

Il y a aussi le Bisphénol A, que l’on trouve dans le plastique des conditionnements alimentaires et qui pourrait être classé parmi les perturbateurs endocriniens (dioxines, PCB, Teflon…).

« Le système de réglementation des produits chimiques doit être repensé de fond en comble », estime la journaliste.

A moins de copier le mode de vie de l’état de l’Orisha, en Inde, où l’on ne mange ni aliments transformés ni viande rouge, où l’on consomme ce que l’on produit, notamment du curcuma, et où les cancers sont quasi inexistants…

(©AFP / 03 mars 2011 08h20)

 
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Publié par le 3 mars 2011 dans BILLET D'HUMEUR

 

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