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Dossier:biocarburant et agro-terrorisme(3°partie)

1.2.  « Bio » ou « Agro »carburants ?

1.2.1. « Bio »,  en fait c’est quoi ?

Puisque onparle de « biocarburants », on est obligé, contraints,  pour la suite du débat, de résumer encore ceque c’est que le « bio » dans le langage actuel
populaire,
ce que ces trois lettres véhiculent comme idée et comme phénomène historique, et dans quel but elles ont été utilisée pour servir cette industrie malhonnête.  Les trois lettre bio ont été récupérées à très mauvais escient, sans que se soit incorrect du point de vue purement grammatical,  maisdans l’objectif de créer une confusion dans les esprits.

En résumé, l’histoire de NPK,  du Baron Liebig, et du travail des
biologistes de l’époque.

Nous avons connu undéveloppement sans précédent de l’industrialisation  agricole dans le monde ce dernier siècle.  Après 10 000 ans de civilisations agraires qui avaient atteints une certaine stabilité et une maitrise des paramètres essentiels de production saine,  nous avons bousculé toutes les règles et principes acquis et connus en seulement quelques décennies.   Selon un schéma invariable de monoculture,
de suppression des petits exploitants et d’usage massif de produits chimiques
toxiques, nous avons gravement pollué notre environnement mais aussi déclenché
l’apparition de maladies nouvelles, modifié les paysages naturels et sociaux,
établi des systèmes de domination économiques injustes et responsables de
famines, de misères sociales et de déserts culturels. Au sortir de la seconde
guerre mondiale, obnubilés par les nécessités réelles de produire davantage et

par les mirages venus des USA, les élites pensantes se sont engagées sur la voie de
l’industrialisation forcée et ont éradiqué, le mot n’est pas trop fort, le Monde Paysan en à peine 30 ans. Dès 1960, c’est-à-dire à peine 15 ans après, cesystème a dépassé ses objectifs et s’est mit à produire des excédents en masse d’une alimentation de mauvaise qualité, à bas prix, qui menaçait même de ruiner l’appareil industriel de
production.  Et depuis, nous ne sommes jamais sortis de cette crise, ne sauvant cet édifice absurde qu’au prix de fuites en avant technologiques, d’une augmentation perpétuelle des surfaces et de la taille des usines de production de lait et viande.  Et de la disparition tous les 20 ans de 50% des exploitations agricoles les plus petites !  Un désastre social, écologique, anthropologique, point de départ d’une cascade d’effets indirects calamiteux qui n’est pas en train de s’arrêter, au contraire.

Il aurait été possible de faire autrement pourtant.  Des voix scientifiques de tous horizons n’ont eu de cesse de s’élever contre cette hérésie depuis un demi-siècle.  Elles ont été entendues, mais pas écoutées.  Comment l’alimentation mondiale,  que se soit en terme quantitatif, de répartition, de méthodes ou de qualité, a pu se retrouver totalement verrouillée par des trusts de l’agroalimentaire et de la chimie au point que les Etats eux-mêmes sont impuissants à réguler quoi que se soit ?  Ce sujet est vaste et nous ne ferons ici que le survoler. Pourtant, à la fin du 19e siècle,  à l’époque où les découvertes agronomiques qui ont conduit à tout cela étaient en cours, d’autres chemins scientifiques plus féconds étaient explorés. Des méthodes culturales nouvelles et diverses  étaient expérimentées.   Ces autres chemins avaient le tort de ne pas emprunter l’autoroute de l’industrie
de la chimie,
de ne pas correspondre aux phantasmes de rationalisation
scientifique des débuts du siècle et sans doute aussi de proposer le maintien
d’un paysannat vivant et indépendant qu’on préférait envoyer se tuer à la tâche
dans les usines et sur les champs de batailles. Quand à ceux qui resteraient
dans les campagnes, ils étaient poussés à s’endetter massivement, avec pour
résultat que les banques devenaient de fait les seuls vrais propriétaires du monde rural. Le génie humain est sans limites.

Tout cela a commencé conjointement avec la mécanisation et avec la découverte du NPK.
Non,  ça ne veut pas dire « Nouveau Parti Kapitaliste », se sont les symboles  des trois éléments majeurs de la fertilisation chimique,  les nutriments principaux des plantes, N pour azote, P pour phosphore, et K pour potasse, la Sainte Trinité de l’agriculture moderne

 

On doit cette découverte majeure au Baron JustusVon Liebig  (photo
ci-contre)
à la fin du 19 em siècle. Très vite, l’industrie s’est emparée de cette découverte pour faire de l’argent.  Ainsi on pouvait saupoudrer les champs de ces poussières miracles en augmentant les rendements (seulement les premières années) et remplacer les méthodes de fertilisation couteuse en fumier et main d’œuvre (croyait-on).  Et pourtant,  Liebig lui-même avait pressenti le mauvais usage que les prosélytes allaient faire de ses découvertes.  En effet, il avait compris que ces trois seuls éléments ne pouvaient représenter toute la solution, et qu’une application sans nuance de ce cocktail, en dehors d’une approche raisonnée et globale,  aurait des conséquences désastreuses sur la santé des sols, des plantes et des humains qui les
consomment.Il tenta de ramener les cultivateurs et les industriels à la raison dans ses Lettres sur l’agriculture moderne:

Une des choses les plus déplorables en agriculture, c’est de voir souvent les hommes les plus capables à renoncer à tout jugement et à tout bon sens quand il s’agit d’apprécier la valeur et le mode d’action d’un engrais quelconque. On ne
doit juger de la vertu d’un engrais que par l’état dans lequel il laisse le terrain sur lequel il a été employé.

Mais certaines catégories  d’agriculteurs aimant vraiment leur métier, résistèrent à l’usage des engrais chimiques NPK,  puis aux pesticides apparus plus tard (comme le fameux DDT, d’abord l’outil principal de la lutte anti Doryphores), continuant à appliquer et surtout développer des méthodes qui mettent à profit les mécanismes biologiques du sol, les micro-organismes et les échanges du complexe argilo-humique.  Toutes choses que Liebig avait d’ailleurs étudiées lui-même.

On a commencé par parler d’agriculture « libre », puis le terme d’agriculture « biologique » s’est imposé, en référence aux mécanismes biologiques sur lesquels elle s’appuie, au lieu de fournir les éléments artificiellement sous forme synthétique et minérale[1].

A partir des années 60,  quand le public à la suite des milieux scientifiques, commence à mesurer exactement l’absurdité et a dangerosité du modèle productiviste agricole, on parle de BIO,  de producteur bio,  de « produits bio », par référence au mode production dit « biologique », qui commence à intégrer aussi des paramètres environnementaux et sociaux plus complexes.   Dans les années 80,  des certifications sérieuses et reconnues voient le jour,  avec des cahiers des charges et des systèmes de contrôle très rigoureux, qui contribuent à faire l’excellente réputation des produits « bio ».   Les produits ne sont plus maintenant confinés dans des circuits de distributions marginaux et parallèles, mais figurent aussi sur les rayons des grandes chaines agroalimentaires, qui se sont trouvées contraintes de suivre ce marché voulu par une forte proportion de clientèle.
Ainsi,  les producteurs se trouvent davantage soutenus et enfin rémunérés à leur juste valeur.  

[1]Une bonne description courte et claire est disponible ici :
http://agribio.pagesperso-orange.fr/hist.html

Comme quoi, l’histoire est une affaire de malentendus !  Le malheureux Baron est peut-être mort sans se rendre compte que cet abandon de tout bon sens « chez les hommes les plus capables », ne s’applique pas seulement aux questions de  fertilisation mais que c’est même une constante navrante de l’espèce humaine dès qu’il s’agit de simplifier la réalité pour faire de l’argent.

1.2.2.  De la valeur des mots…

 

 

Bien sur, on ne peut passer sous silence les tricheries des grands lobbys qui ont développés de fausses certifications pour certains de leurs produits,  qui n’ont pas le droit de porter le nom de « BIO » ou le terme « d’agriculture biologique », mais qui s’appelleront « Natural » ou
« éco », pour tenter des concurrences en s’appuyant sur l’ignorance
du public.  Par exemple des viandes et des œufs « 50% élevés en plein air »  mais qui consomment du soja OGM produit au Brésil sur des défrichements de forêt primaire….Cette falsification extrêmement malhonnête intellectuellement, s’appuie sur l’ignorance du public, à qui on ne peut pas raisonnablement demander de tout connaître en agriculture et qui fait confiances aux instances gouvernementales
de contrôles des produits (hélas).
Cette pratique immorale mais qui s’insère entre les mailles de la légalité,
porte un nom dans les courants écologistes.

 On appelle cela du  « Greenwashing ».
Retenons bien ce terme, on va encore s’en servir….

 

La recette est donc simple. Dans le cas des « bio »carburants, après
avoir culpabilisé le consommateur avec ses émissions personnelles de CO2, l’industrie pétrolière lui propose une solution sur mesure, le « bio »carburant.
Mal informé, (car s’informer sérieusement prend du temps, ce qui lui manque
cruellement
),  il a ainsi l’impression de participer efficacement à la lutte contre le
réchauffement climatique et se dédouane ainsi de toute analyse plus poussée de
la question.

Une industrie basée sur l’exploitation et la confiscation de terre, très loin de
là, à des populations pauvres qui n’ont pas les moyens de se défendre, peut donc
prospérer,  perpétuant une situation mondiale de  famine permanente et de
hausse des prix des céréales (puisque ces lobbies industriels n’ont pas tous leurs œufs dans le même panier, ils spéculent aussi sur beaucoup d’autres ressources et marchandises).

Le terme Greenwashing désigne toute communication insistant sur les vertus écologiques d’une entreprise, d’un produit, d’une pratique bien que cela ne coïncide pas avec la réalité.

http://www.eco-sapiens.com/dossier-110-Greenwashing–Greenwashers-_-c_est-quoi-_.html

 

Par ailleurs,   il faut tout de même rappeler ici, que les lettres BIO, que l’on parle de biocarburants ou de biofuel,  sont d’autant plus usurpées dans ce type de production, qu’on est vraiment, loin, mais alors très loin, des standards les plus minima en matière d’usage de poisons divers.

Les gains directs de la production ne sont pas les seuls attraits.  Il y a toute la chaine industrielle qui va bénéficier de marchés juteux….

Les agrocarburants …. C’est aussi des adaptations nouvelles pour les moteurs, des nouvelles pompes de distribution, des nouvelles super raffineries spécialisées qu’on peindra en vert  (il s’en construirait plusieurs au Port de Rotterdam), des technologies diverses, des labellisations, et surtout,  surtout….

Des ventes incroyablement démultipliées d’engrais et de pesticides.  Bien sur !   Des productions agricoles qui ne servent pas à l’alimentation….   D’immenses
monocultures favorisant la multiplication des ravageurs de tous poils, de
toutes ailes, de toutes pattes et de tous pollens et spores…  mais c’est du pain béni pour l’industrie des pesticides !  Allez, tous les conseils d’administration et
d’actionnaires des sociétés pétrolifères recombinées,  des géants de la chimie…A genoux et priez pour remercier les gouvernants du Monde que vous soutenez de vos
fonds, pour cette formidable manne qui nous arrive, en ces périodes de doutes
et d’attaques écologistes.  Nous allons pouvoir continuer à fabriquer et vendre nos poisons dans le monde entier,  mais avec en plus le Label de Bonne Conscience Planétaire grâce aux ONGs qui travaillent pour nous.   Et ce n’est pas tout,  chers actionnaires, nous allons même être subventionnés pour mettre en place cette nouvelle pompe à fric.

 

7 réponses à “Dossier:biocarburant et agro-terrorisme(3°partie)

  1. Rahan

    1 novembre 2011 at 21 h 34 min

    chouette Steph, merci pour les ajouts d’image

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    • realinfos

      1 novembre 2011 at 23 h 56 min

      De rien,faut aussi que j’améliore un chouilla la mise en page 🙂

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  2. njaisson

    31 mars 2012 at 20 h 07 min

    Hello!J’aurais besoin d’une info: comment fait-on pour publier des articles sur des pages différentes. Le concept de page chez WordPress paraît un peu flou, car apparemment les articles sont reliés à des catégories et non à des pages. Mais les catégories n’apparaissent pas en en tête. Alors la manoeuvre d’indexation des articles triés par « page » n’est pas vraiment clair. Please help.

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    • realinfos

      1 avril 2012 at 8 h 41 min

      Bonjour njaisson,
      Je viens de t’envoyer une invitation à pouvoir poster si tu le désires tes propres articles,il seront toutefois soumis à acceptation.
      Je vois pour régler le pb des catégories.

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  3. millotnathalie

    6 avril 2012 at 8 h 44 min

    Merci! bravo beau boulot pour realinfos!

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  4. Anonyme

    27 juillet 2012 at 20 h 57 min

    Il n’y a qu’une ARME FATALE AU MAL qui sévit actuel C’EST LA PRIERE. Notre Dame de tous les peuples apparaît partout pour demander la conversion, DITE SA PRIERE pour la PAIX DANS LE MONDE :

    SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST, FILS DU PÈRE, ENVOIE À PRÉSENT TON ESPRIT SUR LA TERRE. FAIS HABITER L’ESPRIT SAINT, DANS LES CŒURS DE TOUS LES PEUPLES, AFIN QU’ILS SOIENT PRÉSERVÉS DE LA CORRUPTION, DES CALAMITÉS ET DE LA GUERRE. QUE LA DAME DE TOUS LES PEUPLES, LA BIENHEUREUSE VIERGE MARIE, SOIT NOTRE AVOCATE. AMEN.

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  5. 1

    11 décembre 2013 at 18 h 49 min

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