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Pauvreté : 57% des Français directement concernés!

23 Sep

23 sept. 2011 –

La cinquième vague du baromètre de la pauvreté réalisé par Ipsos pour le Secours populaire dresse un panorama toujours plus alarmant de la situation. Avec la crise, une majorité de plus en plus nette de Français (57%) déclare désormais avoir fait l’expérience de la pauvreté (35%), ou y avoir échappé de justesse (22%). La crainte du déclassement épargne aussi de moins en moins de monde : 85% des Français considèrent que les risques de connaitre une situation de pauvreté sont plus élevés pour leurs enfants que pour leur génération.

En 2011, la part de personnes qui disent avoir connu la pauvreté continue de progresser : 35% des Français âgés de 15 ans et plus déclarent en avoir déjà fait l’expérience (+2 points par rapport à 2010 ; +5 points par rapport à 2009). Signe inquiétant, la part des jeunes parmi ces Français qui ont connu la précarité s’est accrue de manière significative : les 15-34 ans représentent désormais 29% d’entre eux, en progression de 7 points par rapport à 2010.

Si la pauvreté progresse, la crainte de la pauvreté n’est pas en reste. En 2010, 53% des Français déclaraient qu’il leur était déjà arrivé « d’être à un moment de leur vie sur le point de connaître une situation de pauvreté » (que cette crainte se soit ensuite matérialisée ou non). Ils sont désormais 57% à le dire (+4 points). Cette hausse s’explique par l’augmentation de la part des Français qui ont effectivement connu une telle situation (35% ; +2 points), mais aussi par l’augmentation du nombre de Français qui ont eu le sentiment que ça aurait pu arriver (22% ; +2 points).

Les craintes éprouvées par les Français pour leurs enfants restent elles aussi à un niveau très élevé depuis 2009 : 85% des personnes interrogées considèrent que « les risques que leurs enfants connaissent un jour une situation de pauvreté sont plus élevés que pour leur génération » (+1 point par rapport à 2010). Année après année, la crainte du déclassement reste très prégnante.

Les Français établissent désormais le seuil de pauvreté à 1031 €, presque au niveau du SMIC

Pour les Français, une personne seule est pauvre en 2011 dans un pays comme la France quand elle gagne moins de 1031€ net par mois. Si ce seuil moyen est en hausse par rapport à l’année dernière (+28€), il reste en deçà du SMIC mensuel net (1070,76€ depuis le 1er janvier 2011). Ce montant est par ailleurs sensiblement supérieur au seuil de pauvreté officiel (norme Eurostat) calculé sur la base de 60% du revenu médian national (949€ en 2008 selon l’INSEE).

A noter que quelle que soit leur catégorie de revenus, Français aisés ou plus modestes sont à peu près d’accord pour fixer le seuil de pauvreté autour des 1000€. Ce chiffre reste néanmoins un peu artificiel, d’où l’intérêt de suivre l’évolution d’éléments plus tangibles, pouvant être considérés comme des indicateurs de privation, ou a fortiori, d’exclusion sociale.

On mesure ainsi que l’indicateur le plus fort reste l’alimentation : pour 92% des Français, « éprouver régulièrement des difficultés financières importantes pour se procurer une alimentation saine et équilibrée » est le premier signe de la pauvreté. Mais « éprouver des difficultés pour envoyer ses enfants en vacances au moins une fois par an » est également souvent cité (73%, +1 point par rapport à 2010 ; +2 points par rapport à 2009), tout comme « avoir des problèmes réguliers pour accéder à des biens ou des activités culturelles » (71%).

Les Français particulièrement sensibles à la question de l’accès à l’alimentation dans le monde

Interrogés par ailleurs sur les deux grandes causes de solidarité internationale auxquelles ils sont les plus sensibles, les Français citent d’abord « l’accès à une alimentation correcte en quantité et en qualité » (67%) et « l’accès aux soins et aux médicaments » (61%). « La défense de la dignité de la personne et des droits de l’homme » et « l’accès à l’éducation » sont en retrait (35% de citations chacun).

L’inégalité de répartition des ressources (46% de citations) et la spéculation sur les matières premières (46% également) sont pointées du doigt comme les deux facteurs qui contribuent le plus à ces problèmes d’alimentation. On cite moins souvent d’éventuelles raisons démographiques (25% citent « la surpopulation »), environnementales (21% rendent le dérèglement climatique responsable), techniques (10% citent « une agriculture insuffisamment modernisée » et 21%  » la production insuffisante ou détournée de l’alimentation comme avec les agro-carburants ») ou circonstancielles (26% citent « les conflits armés »).

Au final, les Français se sentent bien impuissants face à l’ampleur des problèmes abordés (accès à l’alimentation, santé, droits de l’homme et éducation) : seuls 35% ont le sentiment de pouvoir agir à leur niveau en faveur de la solidarité internationale, contre une majorité (65%) qui a le sentiment que ce n’est « plutôt pas » (38%) ou « pas du tout » le cas (27%).

La majorité d’entre eux (52%) a pourtant déjà agi en faveur de la solidarité internationale, ne serait-ce que par un don ponctuel au profit d’une action de solidarité internationale ; 31% des Français sont même des donneurs réguliers.

Amandine Lama
Chargée d’études Opinion Ipsos Public Affairs
amandine.lama@ipsos.com

Christelle Craplet
Directrice d’études (Pôle Opinion) Ipsos Public Affairs
christelle.craplet@ipsos.com

 

 
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Publié par le 23 septembre 2011 dans BILLET D'HUMEUR

 

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