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« Si l’éruption perdure, cela pourrait perturber l’atmosphère »

15 Avr

Un immense nuage de fumée causé par l’éruption du volcan Eyjafjöll (Islande) perturbe fortement le trafic aérien en Europe du Nord. Le point sur la situation et les prévision d’Emmanuel Bocrie, ingénieur prévisionniste à Météo-France.

Quand le nuage de fumée doit-il entrer sur le territoire français?

D’après nos dernières prévisions, il devrait entrer sur le territoire français cette nuit en touchant d’abord la région de Lille vers 20h puis en se déplaçant progressivement vers la zone qui va de Cherbourg à la région parisienne et jusqu’au Luxembourg qu’il devrait atteindre aux alentours de 2h du matin.

Ces prévisions sont faites en collaboration avec nos collègues anglais qui ont la charge des prévisions météorologiques en Europe du Nord. Nous commencerons à émettre des messages depuis notre centre national dès que la zone de particules organiques -en effet il ne s’agit pas réellement un « nuage »- concernera notre territoire.

Quels peuvent être les risques de santé liés à la présence de ces particules dans l’atmosphère?

Nous sommes actuellement incapables de les prévoir. Cela va dépendre de la quantité de particules organiques présentes dans l’atmosphère qui dépend elle-même de la durée d’émission du volcan.

Pourrons-nous observer quelque chose de particulier demain matin?

Non, seule la luminosité peut être amenée à baisser, selon les zones, et de manière trop infime pour que nous puissions nous en apercevoir.

Que peut-on prévoir du côté des transports aériens?

Le problème des particules issues d’éruptions volcaniques, c’est qu’elles s’agglomèrent à l’intérieur des réacteurs des avions. D’où les perturbations aériennes enregistrées un peu partout en Europe du Nord ce jeudi.

En revanche, il est impossible de dire jusqu’à quand le « nuage » perturbera les transports aériens puisque cela va dépendre de la durée d’émission du volcan -nous ne sommes pas volcanologues- et du comportement des vents.

Lorsque l’éruption du volcan Eyjafjöll sera terminée, comment se disperseront les poussières?

Grâce aux dépressions basses, la pluie va coller les poussières au sol ou dans la mer. En revanche, pour les poussières d’altitude, cela prendra plus de temps. Il faudra attendre que celles-ci descendent naturellement dans l’atmosphère.

Le trajet global du « nuage » est-il aujourd’hui clairement défini?

Non, celui-ci se peut se modifier d’heure en heure. Cela dépend notamment du comportement des vents. En revanche, ce qu’on sait aujourd’hui, c’est que ce déplacement se fera de toute manière d’ouest en est, avec des variantes.

Ce nuage peut-il « détraquer » le temps?

Encore une fois, cela va dépendre de la durée d’émission du volcan. Si l’éruption continue longtemps, non seulement les transports seront perturbés -les avions devront contourner systématiquement la zone concernée- mais cela pourrait en effet avoir des incidences atmosphériques. Néanmoins, celles-ci seront probablement minimes et imperceptibles à l’échelle humaine.

Pour prendre un exemple, lors de l’éruption du Pinatubo, la température moyenne de l’atmosphère était descendue de 0,2 à 0,4 degré pendant 2 ans.

http://www.lexpress.fr/actualite/environnement/si-l-eruption-perdure-cela-pourrait-perturber-l-atmosphere_885076.html

Complément:

Inconvénients des retombées de cendres.

Le problème :
Les cendres volcaniques sont le produit qui est le plus dispersé lors des éruptions volcaniques explosives, à l’origine de plusieurs risques. Même de faibles chutes de cendres (quelques mm) peuvent causer la perturbation de services tels que la distribution de l’eau, de l’électricité et des systèmes d’égouts. Des chutes fréquentes de cendres peuvent survenir à des centaines de kilomètres d’un volcan en éruption et peuvent se traduire par une contamination des approvisionnements en eau dans les régions éloignées.Les composants corrosifs et conducteurs des cendres peuvent affecter l’équipement avec lequel ils entrent an contact, particulièrement l’équipement électrique.

Contamination des approvisionnements en eau :
Les chutes de cendres peuvent entraîner des changements physiques et chimiques aux eaux naturelles de surface et les approvisionnements d’eau. L’étendue de ces changements dépend de la composition et de l’épaisseur de la chute de cendres et de l’aire de l’étendue et du volume du système de collecte d’eau.

Composants solubles :
Les cendres fraîchement tombées libèrent des composants se solubilisant facilement dans l’eau venant à leur contact, comme les eaux de pluie ou de surface. Les composants faiblement solubles tel que le fluor peuvent être libérés à l’échelle de quelques jours ou même de quelques semaines suite à un événement de chute de cendres. Cet effet peut être exacerbé par des contacts intermittents avec l’eau de pluie ou avec l’eau de surface

Acidité :
Les enrobages de surface des cendres d’une éruption volcanique fraîche sont hautement acides, du fait de l’influence des aérosols composés d’acides sulfurique, hydrochlorique et hydrofluorique (H2SO4, HCl et HF) dans le panache du volcan. Le pH des compositions des résidus typiques issus des chutes de cendres des éruptions du Mt Ruapehu de 1995/96 varie de 3,7 à 5,1. De ce fait, quand des cendres fraîches d’une éruption volcanique entrent en contact avec avec l’eau ou les eaux de surface naturelles, elles ont la capacité de réduire le pH au-delà des limites acceptables de sécurité pour la consommation, ou pour la protection de la vie aquatique.

– Impacts indirects :
Des effets indirects peuvent se traduire par des dommages physiques aux filtres aux entrées des structures et des usines de traitement, une plus grande susceptibilité à l’usure de l’usine et une perturbation de l’équipement électrique. Un autre effet est celui d’une haute demande en eau pour les nettoyages entraînant un manque d’eau dans les réservoirs.

 
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Publié par le 15 avril 2010 dans BILLET D'HUMEUR

 

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