Une nouvelle manifestation se déroulait mercredi dans l’usine sidérurgique Ilva de Tarente (sud) contre le risque de fermeture de cette installation après que la justice a opposé une fin de non recevoir au plan d’assainissement du site proposé par la direction du groupe.
Des travailleurs occupaient à tour de rôle un haut fourneau, un groupe de cinq personnes se trouvant en permanence à 60 mètres de hauteur, pour empêcher même symboliquement tout arrêt des activités qui pourrait être un prélude à la fermeture du site.
Les manifestants s’étaient organisés dès mardi soir à la suite de rumeurs selon lesquelles la justice s’apprêtait à ordonner la fermeture des installations qui ont été mises sous séquestre car trop polluantes.
Fin juillet, la juge Patrizia Todisco avait mis sous séquestre les installations à chaud (hauts fourneaux, cokerie…) de l’usine dans le cadre d’une enquête pour catastrophe environnementale.
Dans ses attendus, la juge avait cité des études sanitaires prouvant une surmortalité anormale près du site (15 à 30% de cancers de plus qu’ailleurs entre 1995 et 2002) en raison du rejet de nombreux polluants dont la dioxine.
Un recours de la direction d’Ilva avait permis la poursuite de la production d’acier mais le parquet de Tarente avait déposé à son tour un recours et la juge Todisco a confirmé mercredi que les installations mises sous séquestre devaient être arrêtées.
La magistrate a rejeté le plan d’investissement de 400 millions d’euros proposé il y a moins de dix jours par Ilva pour assainir le site et le mettre aux normes.
Nous devons relever avec amertume qu’Ilva s’engageait dans son plan à effectuer des travaux d’assainissement qui étaient en fait déjà prévus dans un vieux projet datant de 2003-2004 et qui de toute évidence n’ont pas été réalisés, écrit dans sa décision la juge Todisco, citée par le site du quotidien La Repubblica.
Il n’y a pas de place pour des propositions au rabais. Les enjeux, la santé, la vie et l’environnement mais aussi le droit à un travail dans la dignité qui ne porte pas préjudice à la santé ne permettent aucun marchandage, ajoute la juge.
Début août, des milliers d’ouvriers de l’usine Ilva avaient défilé à Tarente pour réclamer la sauvegarde de leurs postes, disant préférer mourir d’un cancer que de faim.
La décision de la juge n’entraînera pas automatiquement l’arrêt de l’usine car un appel peut être déposé par la direction.
Afp
» L’usine produit 9 des 28 tonnes d’acier fabriquées annuellement en Italie et emploie 11.500 salariés. »