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Stratégie du choc : comment le FMI et l’Union européenne bradent la Grèce aux plus offrants

20 Juin

Par Agnès Rousseaux (20 juin 2013)

C’est l’heure des soldes. La plus grande promotion du 21ème siècle. Tout doit disparaître ! Pour tenter de réduire sa dette, la Grèce liquide tous ses biens publics : énergies, transports, compagnies des eaux, universités, rivages préservés… Le pays s’enfonce toujours plus dans une crise économique sans fin, malgré les « plans de sauvetage » européens. Ceux-ci profitent en grande partie au secteur financier, alors que pour les Grecs, l’austérité est devenue un mode de vie. Reportage à Athènes, auprès d’un peuple victime du traitement de choc imposé par le « capitalisme du désastre ».

 

 

« Plus d’un tiers de la population grecque n’a plus accès à la sécurité sociale », estime Giorgos Vichas, cardiologue. A la clinique autogérée de Hellinikon, en banlieue d’Athènes, une centaine de médecins soignent bénévolement des patients toujours plus nombreux. Depuis un an et demi, 10 000 personnes ont franchi les portes de ce dispensaire de fortune, planté au milieu d’une ancienne base militaire américaine. Avec les coupes drastiques des salaires – baisse de 40 % en quelques années – même ceux qui ont un travail n’ont souvent plus les moyens de payer les frais médicaux. Et les hôpitaux publics grecs manquent de médicaments, notamment pour le traitement des cancers.

Le secteur de la santé est un des symboles de la déliquescence des services publics grecs. Dans une salle de consultation aux murs blancs, le cardiologue égrène des histoires qui en disent long sur l’état du pays : celle de cette femme qui vient d’accoucher et à qui l’hôpital ne veut pas rendre son enfant tant qu’elle ne paye pas les frais d’hospitalisation. Une autre a été retenue dans sa chambre d’hôpital, un garde devant la porte, parce qu’elle devait 2000 euros.  « Nous recevons beaucoup de gens qui ne peuvent plus payer pour l’eau et l’électricité depuis que les taxes immobilières ont augmenté. Le courant a même été coupé chez des personnes qui ont besoin d’un équipement médical permanent, comme de l’oxygène », décrit Giorgos Vichas. L’hiver dernier, faute de pouvoir acheter du fioul, dont le prix a doublé, les habitants ont remis en fonctionnement les vieilles cheminées dans les appartements. Ils se sont chauffés au bois… ou aux ordures. « Le soir, à Athènes, l’air était irrespirable », commente Makis Zervas, professeur à l’Hellenic open university.

 

Malgré les « plans de sauvetage », la dette grecque explose

Trois ans après le premier « plan de sauvetage » européen, la Grèce s’enfonce dans une récession qui semble ne jamais devoir finir. Le taux de chômage atteint 27 %. Il a été multiplié par trois depuis 2009. Un chiffre officiel encore en-dessous de la réalité. « Les jeunes qui cherchent un travail après avoir terminé leurs études ne sont pas comptabilisés, ni tous ceux qui travaillent une heure par semaine », précise Makis Zervas. Ni les travailleurs indépendants qui ont peu à peu cessé leur activité, faute de clients. Dans le centre d’Athènes, les rideaux de fer sont baissés sur une partie des commerces. 63% des jeunes de moins de 25 ans sont aujourd’hui sans travail. La croissance ? Avec un taux à – 6% en 2012, elle semble bien loin. Le PIB a chuté de 25 % depuis 2008. Autant que celui des États-Unis au moment de la crise de 1929.

Quelles perspectives après six années de récession ? La Grèce est « en bonne voie pour achever son ambitieux plan d’ajustement budgétaire », ose la directrice générale du FMI, Christine Lagarde. Le pays pourrait « renouer » avec la croissance en 2016, prophétisent le FMI et l’Union européenne [1]. Mais pour cela, il faudra encore faire des efforts. Comme si on exigeait de la Grèce, à bout de souffle, de courir encore un marathon de plus. Les objectifs de réduction de la dette, fixés par la Troïka (FMI, Commission européenne, Banque centrale européenne) semblent irréels. Quelqu’un dans un bureau, quelque part à Bruxelles ou Francfort, a tracé des courbes, tapoté sur sa calculatrice, dessiné des projections. Reprises en cœur par les chefs d’État européens. Objectif : une dette à 124 % du PIB en 2020. Elle était de 156 % en 2012. Elle sera de 175% en 2013. C’est mal parti. Vite, répond la Troïka, il faut accélérer les privatisations, démanteler les services publics, et au pas de charge, recapitaliser les banques. La vente de la compagnie de gaz a échoué la semaine dernière – et c’est la télévision publique qui a pris le retour de boomerang [2]. 2 650 chômeurs de plus.

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La suite ici:

http://www.bastamag.net/article3127.html

 

 

 
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Publié par le 20 juin 2013 dans BILLET D'HUMEUR

 

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