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Notre débat : En Normandie, le fret maritime est-il en péril ?

16 Jan

 

Economie. Le trafic maritime vit une crise sans précédent qui commence à toucher l’économie locale, notamment la place portuaire du Havre avec les premiers licenciés suite à la faillite de l’armateur Hanjin.

 

Dans l’indifférence générale des professionnels portuaires, les 29 salariés de la représentation havraise de l’armateur Hanjin ont été licenciés juste avant Noël. Pourtant, à l’échelle mondiale, la faillite de la compagnie sud-coréenne, l’une des dix plus importantes au monde, se révèle le symbole de la crise sans précédent que vit le transport maritime depuis 2010. « L’autre symbole de cette crise, c’est la course effrénée à l’armement des porte-conteneurs géants qui se sont multipliés ces dernières années », souligne Thibault Pelletier qui était le représentant du personnel au sein d’Hanjin au Havre.

Cette course au gigantisme pour réduire les coûts de transport, la financiarisation du secteur par des armateurs soucieux de gains rapides et le ralentissement de la croissance chinoise, ont dérégulé un secteur hors de contrôle, voué au libéralisme le plus effréné. Prochaine victime sur l’autel des restructurations en cours, le champion français CMA-CGM qui vient d’annoncer 60 suppressions de poste au Havre. « Dans notre cas, CMA-CGM profite de cette crise pour délocaliser des activités terrestres au Havre vers l’Inde », soupçonne Paul Golon, délégué CFDT de l’armateur français. Cette surcapacité de navires a fait chuter le taux de fret, ce qui amène la plupart des compagnies à naviguer à perte, à baisser leurs tarifs pour faire couler la concurrence entraînant chez tous des pertes colossales estimées à 5 milliards de dollars chez les multinationales du transport maritime en 2016. Aujourd’hui, le transport maritime ne parle plus que des alliances entre les géants asiatiques et européens pour partager les grandes lignes et rationaliser leurs frais généraux dont les salariés risquent bien d’être les variables d’ajustement. Cette incapacité notoire des professionnels du maritime à anticiper les évolutions économiques, à se contenter de gérer à court terme et de croire éternellement aux vertus du marché, semble pourtant être toujours de mise.

Jean-Louis Le Yondre, figure du monde portuaire havrais, président du syndicat des transitaires du Havre, se dit plus inquiet pour le port par les grèves à répétition du printemps dernier et la construction du canal Seine-Nord que par les restructurations des compagnies maritimes. « Le marché va s’autoréguler, c’est la loi du marché », affirme le chef d’entreprise, faisant fi de la crise des subprimes de 2008, de la montée des protectionnismes sous la pression des opinions publiques et de la relocalisation, que ce soit en Europe, aux Etats-Unis ou en Asie. « C’est malheureux pour les salariés, mais il fallait s’y attendre. » Pour Jean-Louis Le Yondre, les marchés émergents d’Afrique vont relancer la consommation qui fait défaut en Chine ou au Brésil. François Guérin, vice-président de l’UMEP (Union Maritime et Portuaire) juge de son côté que cette crise des armateurs est profonde et redistribue les cartes du transport maritime. « Les restructurations avec trois alliances de niveau mondial, risquent de changer le rapport de force en leur faveur. À nous et au port du Havre d’être à la hauteur. Heureusement que nous avons Port 2000, mais il faut plus avec la création de véritables dessertes ferroviaires et fluviales du Havre vers Paris. » Les salariés d’Hangin et dans une moindre mesure de CMA-CGM, ont bien compris qu’ils n’auraient aucun soutien de la part de la communauté portuaire, qu’elle soit patronale ou ouvrière. « C’est un peu chacun pour soi », soupire Pascal Golin de CMA-CGM. « Les compagnies maritimes sont mondialisées et les salariés sont isolés dans les ports du monde entier » explique Thibault Pelletier. « La faillite d’Hanjin est sans précédent dans le monde, mais au Havre, moins de trente salariés licenciés, ça ne compte pas… »

 

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Publié par le 16 janvier 2017 dans BILLET D'HUMEUR

 

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