Les tornades (1) sont des courants ascendants tourbillonnaires, très localisés, de quelques centaines de mètres de diamètre, associés à certains orages. Elles engendrent les vents les plus forts rencontrés à la surface du globe. Phénomènes rares en France, elles peuvent néanmoins être meurtrières et provoquer localement d’importants dégâts.
Les tornades consistent en un tourbillon de vent ascendant intense dont la présence se manifeste par une colonne nuageuse ou un cône nuageux renversé en forme d 1 entonnoir, sortant de la base d’un cumulo-nimbus. Ce cône est constitué de vapeur et de gouttelettes d’eau descendant du nuage. Quand le tourbillon parvient à mi distance entre le nuage et la surface du sol ou de la mer, un effet de succion intense mais très localisé se produit. Il génère un « buisson » par soulèvement de matériaux provenant de la surface du sol. Quand le tourbillon et le buisson se rejoignent, ils forment un mince tube, très photogénique mais terriblement destructeur.
L’essentiel des dommages causés par ces météores est dû au vent, mais la chute brutale de pression qui accompagne leur passage peut provoquer des phénomènes d’explosion par mise en surpression des bâtiments situés sur leur trajectoire. Les tornades les plus violentes en France peuvent engendrer des vents de 300 à 400 km/h. Mais les vitesses des tornades ne sont jamais qu’estimées car aucun appareil de mesure ne leur résiste. Quoique localisés, elles peuvent provoquer des dégâts dramatiques. Entre 1960 et 1980, 19 personnes ont été tuées et 276 blessées par des tornades en France.
T. T. Fujita a proposé une classification des tornades en fonction des vitesses, maximales du vent et des dommages qu’il produit.
1. La littérature scientifique et technique distingue parfois les trombes, qui se forment au-dessus des mers, des tornades, qui se développent au-dessus des terres. Les météorologistes emploient indifféremment le terme de trombe pour l’ensemble de ces phénomènes.
ÉCHELLE DE FUJITA
Échelle |
Dommages |
Vitesse du Vent
(km/h) |
Spécifications |
F0 |
légers |
60-100 |
Antennes de TV tordues;petites branches d’arbres cassées; caravanes déplacées |
F1 |
modérés |
120-170 |
Caravanes renversées;arbres arrachés; dépendances soufflées |
F2 |
importants |
180-250 |
Toitures soulevées; objets légers transformés en projectiles; structures légères brisées |
F3 |
sévères |
260-330 |
Murs de maisons renversés; arbres cassés dans les forêts; projectiles de grande dimension |
F4 |
dévastateurs |
340-410 |
Maisons bien construites rasées; gros projectiles; quelques arbres emportés par le vent |
F5 |
incroyables |
420-510 |
Fortes structures envolées; arbres emportés par le vent; projectiles à grande vitesse |
Il est fréquent de lire dans la presse qu’une « mini tornade » a frappé telle ou telle commune. Or un coup de vent intense et localisé ne doit pas être forcément attribué à une tornade. Des rafales d’orage ou des vents de pente peuvent atteindre des vitesses proches des tornades de la classe F2 1. La reconnaissance d’une tornade doit se faire’ d’après l’existence de vitesse de rotation et/ou de dépression axiale (J. Dessens, 1984 2). Sur le terrain, plusieurs critères permettent de déterminer que le phénomène est une tornade. Le météore a une forme caractéristique de nuage en forme d’entonnoir ou de colonne alors que la base du nuage est proche du sol. Il est accompagné d’un bruit rappelant celui d’un ou plusieurs avions à réaction. La durée du phénomène est très court, quelques dizaines de secondes à quelques minutes. Il laisse des traces de torsion, de succion, d’arrachage, de soulèvement, signes de mouvements à la fois convergents, ascendants et tourbillonnants (F. Roux, 1991). Les arbres abattus ne sont pas alignés dans l’axe de la trajectoire de la tornade mais se disposent sur sa gauche selon un angle variable, ce qui prouve la rotation cyclonique. Les toitures des maisons se soulèvent d’un bloc sous l’effet de la surpression relative à l’intérieur des bâtiments, puis sont pulvérisées par le vent. Si la tornade passe au-dessus d’un plan d’eau ou d’une rivière, l’eau est aspirée à plusieurs mètres de hauteur et projetée à distance. Les dommages sont limités à une zone de quelques hectares, ou à un couloir étroit (quelques dizaines de mètres à 2 kilomètres), longue de quelques kilomètres, parfois quelques dizaines de kilomètres.
J. Dessens a réalisé une chronologie des tornades survenues en France à partir d’une enquête rigoureuse et très fouillée. Il a ainsi répertorié 107 tornades de classe égale ou supérieure à F2 entre 1680 et 1988 ( voir tableau ).
Tableau : Inventaire des tornades en France entre 1680 et 1988, d’après J. Dessens
Période |
Échelle |
F2 |
F3 |
F4 |
F5 |
Totale |
1680-1959 |
23 |
17 |
8 |
1 |
49 |
1960-1988 |
27 |
27 |
3 |
1 |
58 |
Total |
50 |
44 |
11 |
2 |
107 |
1. L’orage du 11 juillet 1984 dans le nord-est de la France provoqua des dégâts (plusieurs millions de francs dans le département des Vosges) qui relèveraient de la force 4 (1. Roussel, 1986). L’absence de traces de mouvements tourbillonnaires au sol laisse penser qu’il s’agit là d’un phénomène classique en été, à savoir le déclenchement de manifestations orageuses le long de la progression d’un front froid.
2. Cet auteur est pratiquement le seul a avoir étudié et recensé de manière systématique le phénomène de tornade en France. L’essentiel de ce chapitre est tiré de ses travaux.
Les tornades ne se répartissent pas uniformément sur le territoire. Les régions du Centre – Ouest et du Nord, ainsi que celle du Languedoc, sont davantage affectées que le reste de la France. La saison la plus propice à l’apparition de ces phénomènes s’étale de mai à septembre (70 % des cas répertoriés), avec deux mois particulièrement concernés: juin et août, mais le risque n’est pas nul le reste de l’année. Elles ne se produisent pas non plus à n’importe quel moment de la journée, mais de préférence entre 16 et 17 heures, c’est-à-dire au moment du maximum de réchauffement solaire. La rugosité du sol, liée à la végétation ou aux constructions, a tendance à diminuer l’intensité des tornades. C’est pourquoi les centres des grandes villes sont à l’abri de tels phénomènes.
Seules deux tornades de classe F5 ont été répertoriées à ce jour. La première, la plus meurtrière connue, se produisit le 19 août 1845 en Seine-Maritime. Elle fit 70 morts et 300 blessés en pulvérisant littéralement les bâtiments de trois filatures. La seconde, survenue en 1967 dans le Pasde-Calais, parcourut 23 kilomètres, rasa une centaine de maisons dans huit communes, fit 6 morts et 30 blessés. Même les automobiles étaient balayées. Elle fut accompagnée, comme c’est assez fréquemment le cas, de chute de très gros grêlons (100 mm de diamètre).

Le risque de tornades dévastatrices F4 ou F5 paraît limité à quelques régions (Nord-Ouest, Jura, Languedoc). Celui des tornades FO à F3 est plus dispersé. Les tornades FO à F2, qui provoquent peu de dégâts et passent donc souvent inaperçues, sont probablement très sous-estimées en nombre. C’est pourquoi l’auteur estime la fréquence probable des tornades, toutes classes confondues, à 180 par an.
L’étude climatologique des tornades répertoriées par J. Dessens montre qu’elles sont surtout observées, dans l’intérieur du pays, pendant la saison froide de novembre à mars. Elles ont alors pour origine des orages violents, en général associés à des fronts froids. Dans les zones côtières, atlantique ou méditerranéenne, elles se produisent surtout pendant la saison chaude d’avril à octobre. Dans ce cas, elles sont associées à des vents violents, et des configurations particulières du relief favorisent probablement leur formation. Des situations géographiques et topographiques particulières sont ainsi propices à l’apparition des tornades. La région située entre Béziers et Sète est parmi les plus sensibles de France: la basse vallée de l’Hérault est une zone de soulèvement orographique favorable à la formation d’orages par vent de sud-est fort (J. Dessens, 1990). Dans le passé, elle fut touchée par trois tornades, dont une parmi les plus importantes survenues en France (F4 à Sète en 1844). En octobre 1990, plusieurs tornades, dont une de classe F2 à F3, ont ravagé deux campings et provoqué d’importants dégâts aux constructions.
Le caractère très local et bref des tornades empêche de prévoir l’endroit où l’une d’elles va se produire. La prévision du risque équivaut approximativement à la prévision du risque d’orages très violents ou de tempêtes (J. Dessens, 1984).
http://www.alertes-meteo.com/divers_pheno/catasrophe_fran/tornades_france/tornades_france.htm
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