L’agence de notation Standard & Poor’s (S&P) a abaissé d’un cran la note souveraine de la Belgique à AA, contre AA+, avec perspective négative. La note « AA »appartient à la catégorie des émetteurs de « haute qualité ».
Cette dégradation est « liée à la diminution de confiance des investisseurs sur le plan mondial », a réagi le ministre belge des Finances, Didier Reynders, jugeant toujours solide la note du royaume. La décision de S&P renforce la nécessité de « finaliser à très brève échéance le budget 2012 », a-t-il ajouté, cité par l’agence Belga.
Dans la foulée, le premier ministre belge en affaires courantes Yves Leterme a lancé un appel aux six partis négociant la formation d’un nouveau gouvernement, après la dégradation de la note du pays, pour qu’ils trouvent un accord avant lundi sur le budget 2012.
« Je lance un appel pour qu’on puisse finaliser ce soir, ce week-end, mais en tout cas avant l’ouverture des marchés lundi » la formation du budget, a-t-il déclaré à la télévision publique RTBF, alors que ces négociations sont bloquées par des dissenssions politiques.
Secteur financier en difficulté Standard & Poor’s craint que les « difficultés du secteur financier » nécessitent un soutien plus important des pouvoirs publics qui alourdirait la dette déjà élevée du pays, dans un contexte d' »incertitude politique » qui continue de peser sur la crédibilité de la Belgique en tant qu’emprunteur.
Si la Belgique devait de nouveau voler au secours de son secteur bancaire, comme en 2008, sa dette, qui devrait atteindre 97% du produit intérieur brut à la fin de l’année, pourrait dépasser les 100%, estime l’agence. Cela ne manquerait pas d’alourdir le déficit budgétaire d’un pays dont l’économie, « parmi les plus ouvertes de la zone euro », est « vulnérable à tout affaiblissement de la demande extérieure », ajoute l’agence. Taux obligataires à 5,7%
S&P souligne enfin que le gouvernement belge, s’il a pris des mesures efficaces en 2011 pour diminuer le déficit primaire, n’a pas les coudées franches pour mettre en oeuvre des réformes structurelles d’envergure.
La Belgique, dépourvue de gouvernement depuis les élections législatives de juin 2010 qui avaient vu les séparatistes flamands de la N-VA arriver en tête, est actuellement la cible de fortes pressions sur les marchés obligataires, où le coût de ses emprunts s’envole.
Sur le marché obligataire, les taux auxquels la Belgique se finance dépassaient les 5,7% vendredi.La prime pour détenir de la dette belge à 10 ans plutôt que du papier allemand de même échéance a atteint vendredi matin un plus haut depuis au moins 2008 à 368 points de base (pdb). Le coût pour assurer la dette belge contre un risque de défaut (« crédit default swap », CDS) s’est quant à lui renchéri jusqu’au niveau record de 407 pdb. Le gouvernement belge a lancé jeudi un appel à la population pour qu’elle souscrive un emprunt d’Etat ouvert à tous, afin d’aider le pays à faire face à sa dette.