PARIS – Le laboratoire allemand Riemser a porté plainte jeudi à Paris contre le laboratoire français Genopharm, en l’accusant d’avoir sciemment commercialisé des lots périmés d’un anticancéreux fabriqué par Riemser, a-t-on appris auprès de son avocat.
La plainte pour faux et usage de faux, tromperie et falsification de Riemser, déposée auprès du pôle santé publique du tribunal de grande instance (TGI) de Paris, vise à établir les responsabilités dans cette affaire révélée par Le Parisien, a expliqué à l’AFP Me Eric Weil, le conseil du groupe allemand.
Genopharm a commercialisé des médicaments qu’il savait périmés, a-t-il accusé.
Passée la date de péremption, le principe actif du médicament s’estompe progressivement, entraînant une baisse de son efficacité.
Aucune réaction n’a pu être obtenue dans l’immédiat auprès du laboratoire Genopharm.
Développé il y a un demi siècle, le Thiotepa, s’adresse au traitement de tumeurs solides et de cancers de l’enfant. Il a été remplacé en France depuis le 13 octobre par son équivalent le Tepadina du laboratoire allemand Riemser (le plaignant, NDLR), indique l’Afssaps.
Début 2011, le fabricant Riemser a découvert sur le marché des flacons de Thiotepa commercialisés par Genopharm avec une date de péremption semblant falsifiée (août 2011). Or les dernières livraisons de flacons de Thiotepa à Genopharm dataient de mars 2009 et le médicament était périmé de 18 mois après sa fabrication.
En mars 2011, Riemser a alerté l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps), selon Me Weil.
Si Riemser a finalement décidé de se retourner vers la justice, c’est parce qu’il estime que sa crédibilité a été directement mise en cause par Genopharm qui a produit à l’Afssaps des faux certificats pour justifier la commercialisation des lots, selon Me Weil.
La falsification des documents certifiants les dates de péremption frauduleuses du Thiotepa a apparemment eu lieu en Suisse où l’agence sanitaire Swissmedic a procédé jeudi à une nouvelle perquisition chez Alkopharma lié au laboratoire Genepharm, a indiqué à l’AFP Marc Stoltz, directeur de l’inspection de l’Afssaps.
Le document de Riemser qui accompagne les médicaments a apparemment été falsifié en Suisse et les étiquettes aposées en France étaient en cohérence avec la fausse date de péremption (2011 au lieu de 2009), a-t-il dit à propos de cette affaire ayant une dimension internationale.
Si c’est avéré, c’est gravissime, a réagi sur France Info, Xavier Bertrand, ministre de la Santé.
L’Afssaps a lancé des enquêtes sur ce sujet. On a procédé au retrait des lots. Je veux savoir ce qui s’est passé entre le dépôt de cette information et le retrait des lots. Je veux savoir s’il n’y a pas eu la moindre perte de chance pour les enfants concernés, a ajouté le ministre.
S’il y a falsification, c’est gravissime, et là, il faut en répondre, pas seulement devant les autorités sanitaires, mais devant la justice, a-t-il poursuivi.
En octobre dernier, l’Afssaps faisait état d’un retrait de lots de Thiopeta injectable en raison d’un sous dosage.
AFP