MOSCOU – La Russie a jugé mardi que la publication ces dernières semaines de conclusions du rapport de l’AIEA sur le programme nucléaire de l’Iran a alimenté les tensions entre les grandes puissances et Téhéran, dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères.
Moscou ressent une forte déception et de l’incompréhension parce que le rapport de l’AIEA sur l’Iran, sur lequel beaucoup a été dit et écrit ces derniers jours, a été transformé en une nouvelle source d’accroissement des tensions autour des problèmes liés au nucléaire iranien, selon le ministère.
La Russie, qui affirme dans son communiqué ne pas avoir reçu le texte complet du rapport, s’interroge sur la capacité de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) à assurer la confidentialité de ses documents.
Depuis plusieurs semaines, des diplomates occidentaux ont indiqué dans la presse que le rapport fait écho aux soupçons sur les ambitions militaires du programme nucléaire iranien, ce que Téhéran a toujours nié.
Le président israélien, Shimon Peres, avait en conséquence averti dimanche que la possibilité d’une attaque militaire contre l’Iran — ennemi juré d’Israël — était plus proche qu’une option diplomatique.
Mardi soir, dans un rapport confidentiel que l’AFP a pu consulter, l’AIEA exprime de sérieuses inquiétudes concernant le caractère militaire du programme iranien, sur la base d’informations crédibles en sa possession.
La Russie a estimé par ailleurs que la publication des conclusions de ce document mettait à mal les efforts diplomatiques dans ce dossier.
Nous avons nos doutes sur la justification des mesures liées à la publication large du contenu du rapport, a souligné le ministère des Affaires étrangères, jugeant que le principe sur le dossier iranien devait être ne cause pas de préjudice et non pas plus c’est pire, mieux c’est.
Enfin, le ministère relève qu’un scientifique russe serait mentionné dans ce document car il est soupçonné d’avoir travaillé sur des aspects militaires du programme nucléaire iranien.
Concernant les affirmations sur la prétendue participation d’un scientifique russe à de possibles développements militaires dans le cadre du programme nucléaire iranien (développements qui, dit-on, ont eu lieu il y a plus de dix ans), nous relevons deux points, indique le communiqué.
Premièrement, nous, et la partie russe ne le dit pas pour la première fois, avons depuis longtemps transmis à l’AIEA tous les éclaircissements nécessaires sur cette question. Deuxièmement, il n’y a rien de nouveau ni de sensationnel dans ces affirmations, poursuit-il.
Washington et ses alliés occidentaux n’ont pas caché leur intention d’utiliser le rapport de l’AIEA pour durcir encore leurs sanctions individuelles contre l’Iran et essayer de convaincre Moscou et Pékin, jusqu’alors réticents, de renforcer celles de l’ONU adoptées par quatre résolutions depuis 2007.
Depuis Berlin, le président russe Dmitri Medvedev a mis en garde mardi contre une rhétorique dangereuse, en référence aux menaces d’intervention militaire contre Téhéran, tout en admettant que l’Iran n’avait pas respecté tous ses engagements.
Afp