Paris (awp/afp) – Le déficit commercial français s’est encore creusé en 2010, atteignant 51,4 milliards d’euros, pire qu’attendu, a annoncé mardi le secrétaire d’Etat chargé du Commerce extérieur Pierre Lellouche, affirmant vouloir redynamiser le tissu des PME françaises exportatrices.
Malgré des exportations en hausse de 13,5% à 392,5 milliards d’euros, le déficit s’est creusé de 7,2 milliards par rapport à 2009 et approche du record de plus de 55 milliards d’euros enregistré en 2008, au plus fort de la crise.
Ce chiffre est également supérieur aux dernières prévisions du gouvernement qui tablait sur un déficit de 49,3 milliards pour 2010, puis de 47,6 milliards en 2011.
En décembre, le déficit s’est encore creusé de près d’un milliard d’euros par rapport à novembre pour atteindre 5,05 milliards.
Commentant les chiffres, M. Lellouche a estimé que le tableau était « honorable mais préoccupant ».
« Honorable puisque notre commerce extérieur redémarre en 2010 à hauteur de la croissance mondiale, +13%. Honorable pour nos grands groupes qui ont fait un carton sur les grands marchés. Mais c’est un tableau problématique, inquiétant s’agissant de notre tissu industriel en région », a-t-il affirmé.
Les exportations françaises ont surtout été tirées par les secteurs agroalimentaire, aéronautique et pharmaceutique. Les ventes d’Airbus ont atteint leur plus haut niveau à 18,9 milliards, en hausse de 18% par rapport à 2009, avec 285 appareils vendus.
M. Lellouche a souligné que dans le même temps, l’Allemagne avait enregistré un excédent commercial de 126 milliards d’euros, soit une hausse de 7,7% sur un an.
« On peut dire que l’Allemagne a réussi à arrimer sa croissance vers les pays à forte croissance et que nous, nous sommes restés tournés vers le marché européen », a-t-il résumé.
Soulignant que les mauvais résultats n’étaient pas seulement dus à l’euro et à la facture pétrolière mais à un problème structurel, il a critiqué « l’équipe de France de l’export » lancée en 2008 par la ministre de l’Economie Christine Lagarde.
« En terme d’équipe de France, je prendrai comme exemple l’équipe de handball. Aujourd’hui, ça ressemble davantage à l’équipe de Domenech », a-t-il ironisé.
Selon lui, « notre appareil exportateur est plus ancré en Europe que dans les pays émergents. Or c’est dans le pays émergents qu’il y a de la croissance ».
Même si l’année passée les échanges commerciaux de la France vers le Brésil et la Chine ont progressé de 40% et vers la Russie de 24%, le déficit s’est aussi accru. Le déficit bilatéral avec la Chine atteint par exemple un record de 26,1 milliards en 2010, après 22 milliards en 2009.
« Nous avons des grands groupes très performants en France (aéronautique, centrales thermiques, trains, etc.) mais notre tissu de petites et moyennes entreprises, lui, a besoin d’être dynamisé » car « le nombre de petites entreprises à l’export a tendance à diminuer », a-t-il ajouté.
Il a dit souhaiter que les grandes entreprises aident les petites, affirmant vouloir lancer bientôt une « politique très agressive » dans le secteur agroalimentaire.
« Je souhaiterais que les supermarchés français vendent des produits français à l’étranger, comme Lidl le fait avec les produits allemands », a-t-il dit.
Pour lui, la France doit se battre dans « la guerre économique » et sur « le ligne de front de l’export devant laquelle se joue aujourd’hui notre indépendance nationale ».
jq
(AWP/08 février 2011 14h40)
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