

PASS-A-LOUTRE (Etats-Unis) – Flottant à la surface de l’eau, une couche sirupeuse de pétrole dépose une pellicule noire sur les roseaux de Pass-a-Loutre. Tout « est presque mort », constate Angelina Freeman, une scientifique venue observer les dégâts de la marée noire dans le delta du Mississippi.
Le pétrole échappé du gisement exploité par BP dans le golfe du Mexique a déjà méchamment pénétré dans les marécages de Louisiane.
Angelina Freeman plonge un bocal dans l’eau pour récupérer un échantillon. Le brut, observe-t-elle, « est très noir. Il a un peu la substance sirupeuse du chocolat. Il est très épais ».
La scientifique de l’Environmental Defense Fund place le bocal dans une boîte remplie de récipients similaires contenant des échantillons glanés dans les marais qui parsèment l’embouchure du fleuve.
Elle dit être bouleversée par ce qu’elle voit, ou plutôt ce qu’elle ne voit plus.
Pour venir jusqu’à Pass-a-Loutre, elle a navigué sur le fleuve et traversé d’autres marécages. Plus en amont, dit-elle, « la végétation est luxuriante. Il y a toute une faune qui vit. Les oiseaux chantent, les poissons sautent hors de l’eau. Nous avons vu des rougets, des pélicans, des sternes, des aigrettes ».
« Mais ici, il n’y a rien. Tout est presque mort », regrette-t-elle.
Depuis l’explosion de la plateforme Deepwater Horizon le 22 avril, entre 60.000 et 94.000 tonnes de pétrole se sont déversées dans le golfe du Mexique.
Et ce ne sont pas les trois rangées de barrages anti-pétrole qui arrêtent la progression du brut dans les marécages. Au contraire. Selon Mme Freeman, les barrages ont en fait « emprisonné » le pétrole dans les marécages.
A 100 m des barrages, à proximité d’un phare, un oiseau solitaire observe le paysage puis émet un râle.
« Ces marécages sont extrêmement importants pour la Louisiane », dit Angelina Freeman.
« C’est ici que les poissons élèvent leurs petits et que les oiseaux font leurs nids. Les marécages protègent les terres qui se trouvent en amont des dégâts causés par les tempêtes. Ils cassent certaines vagues produites par les ouragans et agissent comme un filtre avec l’eau en ralentissant le courant et en permettant aux sédiments de se déposer sur le sol marin », explique-t-elle.
Le pétrole, quand il n’asphyxie pas les marécages, les empoisonne.
A cela s’ajoute l’impossibilité technique de débarrasser les roseaux du brut mortifère.
« Si les roseaux finissent par mourir (…), cela va favoriser l’érosion, qui est déjà un grave problème ici », poursuit Angelina Freeman.
Elle plonge un autre bocal dans l’eau, cette fois plus près du phare, et en ressort un cocktail composé d’eau et de petites boulettes de pétrole rougeâtres; la marque de fabrique des produits utilisés pour disperser le pétrole.
Les dispersants, déversés à coups de dizaines de milliers de litres dans le golfe du Mexique, sont censés réduire le pétrole en de fines particules biodégradables. Mais des groupes de défense de l’environnement ont exprimé leur inquiétude quant aux dégâts que ces produits pourraient causer sur la faune et la flore.
Autre danger qui guette les marécages: les ouragans. La saison 2010 débute mardi et les météorologues américains ont prédit qu’elle serait particulièrement active.
Un ouragan pourrait emporter le pétrole plus en amont du Mississippi, dans les marécages pas encore touchés par la marée noire, là où une faune abondante dissimule la tragédie qui se joue à une demi-heure de bateau, à Pass-a-Loutre.
(©AFP / 29 mai 2010 19h00)
Y a des témoignages sur des forums américains de gens qui vivent à Tampa Bay ..il pleut un mélange d’eau et d’huile , les bagnoles sont graisseuses … si on extrapole un peu, avec la saison des ouragans qui est à veille de démarrer , on peut imaginer facilement que l’arriere pays va également se faire arroser d’hydrocarbures … pour ceux qui connaissent le coin, c’est un des endroits qu’on appele « le grenier » des Usa , blé, orge etc …!!!
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